Que dit la loi sur le bonus-malus en cas de changement d’assureur ?

Le système de bonus-malus, pierre angulaire de l’assurance automobile en France, soulève de nombreuses questions lors d’un changement d’assureur. Quelles sont les règles qui régissent ce mécanisme et comment impacte-t-il votre contrat lorsque vous décidez de changer de compagnie ? Plongeons dans les subtilités juridiques de ce dispositif pour comprendre vos droits et obligations.

Le principe du bonus-malus : un système encadré par la loi

Le bonus-malus est un dispositif légal instauré par l’article A. 121-1 du Code des assurances. Son objectif est de moduler la prime d’assurance auto en fonction du comportement du conducteur. Concrètement, chaque année sans sinistre responsable vous fait gagner 5% de bonus, jusqu’à 50% de réduction maximum. À l’inverse, un accident responsable entraîne un malus de 25% sur votre coefficient.

Ce système s’applique obligatoirement à tous les contrats d’assurance automobile pour les véhicules à usage privé ou mixte. La loi Hamon de 2014 et la loi Lemaire de 2015 ont renforcé les droits des assurés en facilitant la résiliation et le changement d’assureur, tout en maintenant l’obligation de transférer le coefficient de bonus-malus.

La portabilité du bonus-malus : un droit pour l’assuré

Lorsque vous changez d’assureur, votre coefficient de bonus-malus vous suit. C’est un droit garanti par la loi. L’article A. 121-1 du Code des assurances stipule clairement que le coefficient de réduction-majoration doit être communiqué au nouvel assureur. Votre ancien assureur est tenu de vous fournir une attestation d’assurance mentionnant ce coefficient, que vous devrez transmettre à votre nouvelle compagnie.

Cette portabilité s’applique même si vous changez de véhicule ou si vous interrompez temporairement votre assurance. Le coefficient reste valable pendant deux ans après la fin du contrat précédent. Au-delà, vous repartez avec un coefficient neutre de 1.

Les obligations de l’ancien et du nouvel assureur

L’ancien assureur a l’obligation légale de vous fournir un relevé d’informations dans un délai de 15 jours suivant votre demande. Ce document doit contenir votre historique sur les 5 dernières années, incluant les sinistres et votre coefficient de bonus-malus actuel. Tout manquement à cette obligation peut être signalé à l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR).

Le nouvel assureur, quant à lui, doit appliquer le coefficient de bonus-malus mentionné sur l’attestation que vous lui fournissez. Il n’a pas le droit de le modifier arbitrairement. Si le coefficient appliqué ne correspond pas à celui de votre attestation, vous pouvez contester auprès de la compagnie et, si nécessaire, saisir le médiateur de l’assurance.

Les cas particuliers et exceptions

Certaines situations peuvent affecter le transfert du bonus-malus. Par exemple, si vous ajoutez un conducteur novice à votre contrat, le coefficient peut être majoré selon les règles de l’assureur. De même, si vous passez d’un usage professionnel à un usage privé, ou inversement, le coefficient peut être recalculé.

Les contrats temporaires (moins d’un an) ne sont pas soumis au système de bonus-malus. Si vous souscrivez un tel contrat puis revenez à un contrat classique, votre ancien coefficient sera réappliqué s’il date de moins de deux ans.

Pour les conducteurs étrangers s’installant en France, la loi prévoit la possibilité de prendre en compte leur historique de conduite dans leur pays d’origine, sous réserve de fournir les justificatifs nécessaires.

Les recours en cas de litige

Si vous constatez une erreur dans l’application de votre bonus-malus lors d’un changement d’assureur, vous disposez de plusieurs recours. Dans un premier temps, adressez une réclamation écrite à votre nouvel assureur en joignant les justificatifs (attestation d’assurance, relevé d’informations). Si le problème persiste, vous pouvez saisir le service de médiation de la compagnie.

En cas d’échec de la médiation, vous avez la possibilité de porter l’affaire devant le tribunal d’instance. Vous pouvez aussi signaler le problème à l’ACPR, qui veille au respect des règles par les assureurs. Dans tous les cas, gardez une trace écrite de vos échanges et respectez les délais de prescription (2 ans pour les actions dérivant d’un contrat d’assurance).

L’impact du bonus-malus sur le choix de l’assureur

Bien que le coefficient de bonus-malus soit transférable, son impact sur votre prime peut varier d’un assureur à l’autre. En effet, chaque compagnie applique ses propres tarifs de base auxquels est appliqué le coefficient. Ainsi, avec un même bonus, vous pouvez obtenir des devis différents selon les assureurs.

Il est donc recommandé de comparer les offres de plusieurs compagnies avant de changer d’assureur. N’hésitez pas à demander des simulations détaillées pour comprendre comment votre bonus-malus est pris en compte dans le calcul de la prime. Certains assureurs peuvent proposer des avantages spécifiques pour attirer les bons conducteurs, comme un bonus supplémentaire ou une meilleure couverture à tarif équivalent.

Le système de bonus-malus, bien qu’encadré par la loi, offre une certaine flexibilité aux assureurs dans son application. En tant qu’assuré, vous avez intérêt à bien connaître vos droits pour optimiser votre contrat d’assurance auto. Un bon coefficient de bonus-malus est un atout précieux qui peut vous faire réaliser des économies substantielles sur le long terme. Restez vigilant lors de vos changements d’assureur et n’hésitez pas à faire valoir vos droits si nécessaire.